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Estuaire et Sillon : la collecte des déchets en mode réduit de moitié

 


Rubicube pour un Rubicon

En plein reconfinement, les responsables de la communauté de communes d’Estuaire et Sillon, président et vice-président, franchissent le Rubicon*. Sous le prétexte de présenter « les nouvelles modalités de collecte des déchets » (Ouest-France du 9 novembre), ils glissent subrepticement dans leur package gestionnaire l’info selon laquelle les passages des bennes à domicile sera diminuée de moitié à compter du 1er janvier 2021 prochain. Les élus l’ annoncent, et le service donne le mode d’emploi. Beau cadeau de fin d’année qu’ils nous font là, avec cette modification qui les démangeait depuis longtemps.


Certes, ils l’enrobent ensuite de diverses de considérations à la fois techniques et écologiques, souvent discutables. Mais c’est néanmoins dit d’emblée dans le chapeau de l’article : « les ordures ménagères et les emballages seront collectés, le même jour, une fois toutes les deux semaines ». Ils ont beau parer le rubicube de leurs justifications de toutes les couleurs possibles de la gestion et de l’écologie, ils n’arrivent pas à masquer ce fait brut : passer de huit à quinze jours, c’est diminuer de moitié le service de ramassage des ordures et déchets ménagers à domicile.

Première justification, a priori évidemment recevable : « en lieu et place des deux camions qui assurent actuellement les collectes, c’est une seule benne bicompartimentée (…) qui circulera sur les routes d’Estuaire et Sillon ». Une seule benne, mais par quinzaine, et c’est bien-là que le bât blesse.

Pour preuve de leur bonne gestion, ils affichent même le coût des deux bennes bicompartimentées : 345 000 € (HT). Pourquoi deux, si c'est pour s'en servir qu'une fois tous les 15 jours ? Etrange gestion, sauf à admettre qu'avec ces deux bennes cela impliquerait en même temps la baisse de moitié du ramassage rendu au particuliers. 

Deuxième justification : ce serait là une incitation à l’optimisation des "bonnes pratiques" des usagers. Il est même rappelé qu’actuellement « 122kg de déchets sont récoltés par habitant et par an » dans l’intercommunalité, en oubliant cependant de préciser que c’est déjà comparativement bon par rapport à d’autres collectivités et à d’autres échelles. De même oublient-ils que notre effort de « tri sélectif » - pléonasme redondant – remonte bien avant l’instauration de la « redevance incitative » à partir de 2014. Mais, ça ne leur suffit plus : « l’objectif est d’arriver à 100 kg » ! Excusez du peu et estimons-nous heureux d’échapper, encore un temps, au "zéro-déchet" obligatoire pour tous.

Le président affirme derechef que « les taxes ménagères diminueront puisque le coût des déchets sera à la baisse et la facturation à la levée. » Quelle baisse ? Et quoi de nouveau dans "la facturation à la levée", puisque c’est déjà le cas ? Difficile, même au titre de « la rationalisation » et de « l’optimisation » du service, d’y voir une quelconque promesse de diminution des factures à proportion de la baisse du service rendu.

Troisième justification : ces nouvelles dispositions seraient censées économiser « près de 93.000 km et 200 tonnes de CO2 par an » selon une estimation de l’Agence de la transition écologique. Mais, pour les semaines de non-passage, il est indiqué que « des colonnes d’apport volontaire vont être installées » - une seule pour les petites communes et trois pour les deux plus grandes - afin d’y déposer, « dans un tambour de 50 l. seulement qui s’ouvrira au moyen d’un badge », les sacs en souffrance de benne. Mais il n’est pas précisé si un tel dépôt sera ou non facturé. On peut le craindre. Et là, l’Agence de la transition écologique n’a aucunement estimé le kilométrage cumulé de toutes les voitures individuelles pour s’y rendre, au lieu d’une seule benne, ainsi que l’empreinte en tonnage CO2 que cela représentera. Le bilan évalué est donc bancal. La mise en ligne d’« un compte usager », et la géolocalisation des « sites de valorisation », ne sera qu’une maigre consolation. Tout cet habillage gestionnaire, écologique et numérique n’effacera pas la diminution annoncée du service rendu, puisqu'il n'est pas dit que ce soit également le cas sur nos factures.

"Franchir le Rubicon" : faire un pas décisif ; avec toutes ses conséquences ; prendre une décision irrévocable et irréparable. (Cette expression date de 49 avant J.-C. Le Rubicon est une rivière qui sépare la Gaule de l'Italie. Pompée a ordonné que toute armée laisse ses armes avant de rentrer dans Rome. Cependant, Jules César désobéit et prend le risque de franchir cette rivière avec son armée !). On a le Rubicon qu'on peut !

César franchit le Rubicon



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