S’agissant du ramassage des déchets ménagers, le cas du département de la Dordogne, est exemplaire à tous points de vue et mérite d’être analysé. Car il est porteur d’un scénario catastrophe qui menace de se réaliser partout, même si c’est encore avec certaines nuances locales de taille et de modalités.
A savoir, les cinq ingrédients du film :
1. L’acharnement d’élus réunis dans le SMD3 (Syndicat Mixte Départemental des Déchets de la Dordogne ) à imposer une « redevance incitative » poussée à l’extrême : suppression, à terme totale, du ramassage à domicile (plus de camions- bennes) et impositions de PAV (« points d’apports volontaires », en fait sans alternative ni échappatoire), payants par badge, pour tous les types de déchets (ordures ménagères, verre, papier) ;
2. Ce, de la part d’élus n’ayant reçu aucun mandat électoral (ni aux élections de mars 2020, ni aux précédentes) explicite et impératif à ce sujet ; mais par l’adoption dans l’entre-soi et à huis-clos de dispositions avec les seuls services, les éco-organismes et l’ADEME (agence étatique), parties prenantes, y compris financièrement, de la filière déchets avec les grandes firmes et entreprises de la répurgation et du recyclage des déchets (Veolia, Suez, Derichebourg) ; et leur validation locale par des commissions et conseils complaisants, acquis d’avance et sans discussion à ces décisions.
3. Des décideurs aveugles et sourds aux dysfonctionnements de leur propre système et à toute forme d’expression des réserves et insatisfactions. Qui pensent ainsi pouvoir zapper les problèmes qui se posent, soit par le discrédit (sur le thème des « incivilités », ou des « détracteurs »), soit par de coûteuses campagnes de communication d’officines spécialisées (ex. CITEO) qui en ont fait leur juteux fond de commerce;
4. Une défiance absolue, qui confine au strict mépris, à l’égard des usagers, laissés soigneusement à l’écart de toute consultation et d’une quelconque concertation sur le dossier et ses modalités. Avec, en filigrane, un « idéal-type » de citoyen : celui du mouton (de Panurge) tel qu’il apparaît dans la petite bande dessinée du bulletin du Conseil de Développement d’Estuaire et Sillon. Celui qui, à défaut d’adhérer d’enthousiasme, se résigne à tout coup ( … et coût, le montant de sa facture en hausse) sans trop rechigner.
5. Une opposition citoyenne latente, l’AMCOD (association des mécontents de la collecte des ordures en Dordogne) bien réelle, mais qui peine cependant à s’exprimer et à trouver un plus large écho.
Mais un tel scénario s’écrit désormais à l’échelle nationale, avec la perspective martelée d’une forte augmentation, présentée comme fatale, dans les années à venir, des taxes (TEOM) et redevances (REOM), associée à une régression pas à pas de service public, en principe universel, c'est-à-dire solidaire, sans disparités territoriales ni discriminations sociales.
Source récente : "Redevance incitative en Dordogne : le SMD3 fait le bilan et répond aux critiques" (francebleu.fr)
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