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Requête au préfet : une triple fin de non-recevoir.

Nous avons reçu samedi 12 mars une lettre signée du sous-préfet de Saint-Nazaire, en date du 10 mars, en réponse à notre triple requête auprès de lui, envoyée le 24 janvier, sur les conditions du « ramassage à domicile des poubelles en Estuaire et Sillon ». Cette démarche faisait suite à notre « recours gracieux », sans succès, auprès de la CCES, et traduit notre volonté de ne négliger aucune piste pour trouver réponse au problème qui nous est posé : l’augmentation abusive de + 64 % des tarifs poubelles en 2022.

Mais la réponse du préfet est simple et brutale : c’est non, non et non ! Il renonce ainsi à jouer son rôle arbitral d’autorité de tutelle, hiérarchique et supérieure, et se contente de relayer les positions de la CCES par services interposés.

Sans doute ne fallait-il pas trop attendre de cette démarche. Mais, face à des réponses aussi unilatérales, c’est peu de dire notre déception et notre indignation. Elle n’enlève cependant rien à notre détermination à continuer et à la pertinence inchangée de nos arguments.

Nous publions ci-dessous notre analyse de la lettre du préfet, en y ajoutant nos commentaires, ainsi que ceux d’un ami de l’association qui nous les a transmis après lecture.

1 - Remarques générales de lecture

Le préfet évoque des « éléments portés à notre connaissance ». Par qui ? Or, dans sa lettre, on retrouve, parfois mot-à-mot, en copier-coller, les éléments de langage de « comm. » habituels et répétitifs du service déchets de la CCES. De toute évidence, cette lettre a été rédigée conjointement entre services préfectoraux (« contrôle de légalité » et « contrôle budgétaire ») et services intercommunaux (déchets et finances)

Autre curiosité : s’agissant pourtant de questions budgétaires et financières, pas un seul chiffre sur 3 pages et plus ! Que de vagues considérations sur l’excédent de 2020, mais rien sur le déficit de 2021, année du passage à la quinzaine où les promesses de baisse se sont transformées en déficit et en 2022 une hausse abusive de + 64 % pour tenter d’inverser la situation.


2 - Non-respect des obligations  dérogatoires

Le préfet ne trouve non plus rien à redire sur la mise en œuvre à compter du 1er janvier 2021, des obligations de sa « dérogation provisoire » du 24 décembre 2020 pour le passage à la quinzaine du ramassage. Il se satisfait, là encore, des explications du service intercommunal sur sa soi-disant « veille » - on se demande bien laquelle ? -  en oubliant que lui-même demandait initialement que l’évaluation de la « satisfaction des usagers », après la mise en œuvre de la quinzaine, se fasse « via la mise en place d’une enquête ». Enquête auprès des usagers qui n’a jamais eu lieu, ça se saurait !

3 – Manquements à la publication et l’affichage des délibérations

Sur les insuffisances pourtant manifestes des annonces, leur délai, leur publicité et leur affichage des convocations et comptes-rendus des conseils communautaires et de leurs délibérations, le préfet ne trouve à nouveau rien à redire. Pour lui, sur la base d’une jurisprudence ad hoc elles « ne peuvent être prescrites à peine de nullité » pour si peu, et, plus surprenant encore, leur « méconnaissance n’entache pas d’illégalité les délibérations prises ». Une caution apportée par le garant départemental de la démocratie aux pratiques devenues habituelles de l’intercommunalité, qui en prend pourtant de plus en plus à son aise avec la transparence, et se complait délibérément dans sa pratique verrouillée et confisquée de la démocratie locale, tel qu’en une féodalité.

A nouveau, ce sont donc les seules affirmations de la CCES qui sont prises pour argent comptant. Un exemple flagrant : « la délibération contestée (…) a fait l’objet d’un affichage au siège de l’EPCI dès le 13 décembre 2021 », est-il écrit. Or, nous disposons d’une photographie datée du tableau d’affichage de la CCES devant son siège, boulevard de la Loire à Savenay, prise par nos soins le 18 décembre 2021 à 11 heures précises, où le seul compte-rendu qui y figure, passablement défraichi, et pour cause, n’est pas celui de la séance du conseil communautaire du 9 décembre 2021, mais celui du précédent, remontant au 9 novembre !  Nous pourrions donner d’autres exemples de tels manquements répétés.     

Photo prise le 18 décembre à 11 h. (LNP)

Photo prise le 18 décembre à 11 h. (LNP)

Plus généralement, et nous en avons fait l’expérience, la CCES et ses services n’acceptent de communiquer que les documents et informations qu'une fois qu’ils ont fait l’objet d’un vote en conseil communautaire, et sont devenus dès lors obligatoirement publics. S’agissant du budget déchets, cela veut dire qu’on ne peut disposer des informations qu’après le vote du compte administratif de l’exercice précédent, soit un an et un trimestre après le début de sa mise en œuvre, donc beaucoup trop tard pour pouvoir le savoir et réagir. C’est pourtant là l’outil favori d’une « gouvernance » occulte, largement utilisé, avec une rétention de l’information qui confine à la dissimulation délibérée.




4 – Budget déchets 2022 : les recettes font-elles la hausse ou l’inverse ?

Sur ce point, la réponse commence ainsi : « La Communauté de Communes a voté le budget annexe déchets 2021 en équilibre, le compte administratif 2020 est excédentaire ». Or la question, sans réponse, que nous ne nous lasserons pas de poser, reste toujours la suivante : pourquoi un budget excédentaire voté à l’équilibre début 2021, s’est-il retrouvé déficitaire de - 450.000 € en fin d’exercice, alors que le compte administratif de 2020 affichait, effectivement, lui, un excédent de + 450.000 € ? C’est ce renversement de situation qui exigerait une explication. La CCES s’y refuse, et le préfet élude l’interpellation. Pour nous, elle est à chercher du côté des conséquences du passage à la quinzaine et des nouvelles consignes de tri, mal anticipées et maîtrisées par l’intercommunalité. D’où le déficit record inédit en 2021, qu’elle cherche à corriger par une forte hausse des tarifs en 2022. Alors qu’en effet, l’augmentation des recettes escomptées donne la mesure exacte de la hausse opérée : + 64 %. Un chiffre incontesté, mais jamais dit ni avoué.

La formule « une forte augmentation de recettes matérialisée par une hausse des tarifs », inverse ce que nous disons. C’est la hausse des tarifs qui abonde les recettes, pour combler et tenter d’inverser à nouveau le déficit en un excédent, au nom d’une « gestion de bon père de famille » qui, en fait, dérape complètement depuis 2021. Justifier par ailleurs cette hausse abusive en 2022 par « les charges de traitement des déchets triés et collectés en déchetterie » est l’aveu flagrant que les usagers abonnés au service public du ramassage des ordures à domicile, doivent en fait éponger les charges des déchetteries faisant l’objet de contrats de gestion avec des entreprises privées. S’ils s’occupent maintenant des déchetteries comme ils se sont occupés du ramassage, on peut craindre d’autres augmentations en perspective.


Autre aveu : « si la nécessité de présenter un budget en équilibre relève du contrôle budgétaire exercé par le préfet, la gestion des dépenses et des recettes du budget annexe déchets de la Communauté de communes relève de sa libre administration ». Autrement dit, la vigilance du préfet s’arrête au seul vote en équilibre du budget. Qu’il tourne ensuite à l’excédent ou au déficit, ne le concerne plus, même si cela impacte fortement les citoyens par des hausses abusives.

5 – Qu’en est-il de la saisine de la CRC sur le budget annexe déchets ?

De même, puisque les hypothèses de saisine de la CRC par le préfet, s’agissant de l’examen du budget annexe déchets de la CCES sont « limitatives », « elle ne peut être effectuée au cas d’espèce ». D’où cette conclusion : « aucune illégalité n’a pu être constatée par les services de l’État ». Bref, une version light du contrôle préfectoral de légalité et budgétaire qui laisse les mains entièrement libres à l’intercommunalité, nous livrant sans frein ni limite à ses excès haussiers.

Le préfet ne dit donc pas qu’il n’y a pas matière à saisine de la CCR, il dit qu’il ne le peut pas. Pour autant, cette saisine reste peut-être possible par nous-mêmes. Nous le ferons, si nécessaire, après la séance de vote du budget du 31 mars prochain.

14 mars 2022

Le bureau élargi de Libérez nos poubelles.


Pour signer la pétition en lignehttps://chng.it/VDpwXqvN


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