Requête auprès du préfet de Loire Atlantique contre la hausse abusive des tarifs poubelles en Estuaire et Sillon 24 janvier 2022
Association
« Libérez nos poubelles en Estuaire et Sillon »
Association
Loi de 1901, déclarée le 24 février 2021, au JO du 2 mars 2021.
Objet : Recours
administratif hiérarchique contre le barème des tarifs déchets du 9 décembre
2021 de la communauté de communes d’Estuaire et Sillon.
Délais : Avant le 9 février, deux mois après la délibération visée, ou le 27 février, deux mois après l’entrée en vigueur des tarifs augmentés à compter du 1er janvier 2022.
Savenay, le 24 janvier 2022
Monsieur le préfet de Loire-Atlantique,
Nous vous remercions de nous avoir fait parvenir copie
de votre arrêté de « dérogation temporaire », datée du 24 décembre
2020 (n°2020/BPEF/079), que vous avez accordée à la communauté de communes
d'Estuaire et Sillon pour un ramassage par quinzaine des ordures ménagères à
domicile dans les onze communes de la collectivité, à compter du 1er
janvier 2021.
A l'issue de cette première année de mise en œuvre la
communauté de communes d'Estuaire et Sillon vient d'adopter, au cours de la
séance du conseil communautaire du 9 décembre 2021, un nouveau barème des
tarifs du service des déchets comportant de très fortes augmentations, d'un
pourcentage médian de l'ordre de + 50 %, de la redevance incitative à compter
du 1er janvier 2022. Le passage à la quinzaine en 2021 était pourtant censé
faire réaliser des économies et freiner la hausse des tarifs.
Notre association a exprimé largement son opposition à
une telle hausse : dans la presse, sur les réseaux sociaux locaux, par une
manifestation le 8 janvier regroupant 150 usagers mécontents de ces hausses.
Nous ne sommes pas satisfaits ni convaincus, comme de
nombreux usagers avec nous, par les explications avancées par les élus en séance
du 9 décembre, dans "la lettre d'info" de décembre 2021 et dans la
presse (Ouest-France du 20 janvier 2022).
Notre démarche de « recours gracieux »
auprès de la collectivité, effectuée le 14 janvier, a échoué. Le président et
le vice-président délégué aux déchets n’ont fourni aucune information nouvelle
ni pris aucun engagement précis à ce sujet. Président et vice-président de la
CCES n’en font d’ailleurs aucune mention dans leur communication de presse (Presse
Océan du 22 janvier).
C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui conduits à vous
adresser directement ce recours administratif hiérarchique en trois volets :
1
- D'abord parce que la collectivité n'a pas respecté les obligations
face auxquelles vous l'aviez placée par l'arrêté préfectoral cité ci-dessus : « considérant
qu'il convient d'encadrer les conditions de mise en œuvre d'une
telle réduction de fréquence et
d'en évaluer ses conséquences sur la salubrité publique »,
ceci, est-il précisé, « devant s'inscrire dans le cadre d'un haut
niveau d'hygiène publique des communes ». Or, depuis un an, comme l’a
souligné notre propre veille citoyenne, le système modifié montre de nombreux
dysfonctionnements : calendrier annoncé non respecté, défaillances répétées
dans les tournées de quinzaine du ramassage, multiplication préoccupante des
"dépôts sauvages" et des "incivilités", échec des PAV
(points d'apport volontaires) coûteux mais très peu utilisés, réponses tardives
du service déchets aux demandes et courriers des usagers, notamment de
changement de taille de bac de collecte, etc.
Dans
le même temps, la collectivité ne s'est à ce jour aucunement employée, d'une
quelconque manière, à « évaluer la satisfaction des usagers et recueillir
leurs préoccupations et sollicitions éventuelle via la mise en place d'une
enquête », comme vous l'y enjoigniez pourtant. Nous souhaitons qu’elle
y soit astreinte, ce dans une démarche ouverte aux usagers et citoyens, à
laquelle nous souhaitons pouvoir être associés.
2 -
Ensuite, nous formulons un recours en annulation en situation d’urgence de
la délibération du 9 décembre sur le barème des tarifs déchets, en ce que
son adoption n’a pas respecté les délais prévus dans le Code des collectivités
territoriales (art. L. 2121-18 Code général des
collectivités territoriales) concernant la publication préalable de l’ordre du jour et l’affichage
public sous huitaine de cette délibération, aux panneaux muraux (celui de la
CCES et des onze communes) de la collectivité, toujours non-effectué un mois
après la délibération, comme nous avons pu l’observer constaté le 14 janvier.
-
Ce manquement, devenu habituel
pour la collectivité CCES, n’est pas de nature à permettre à tout citoyen
volontaire de se tenir informé en amont des délibérations à venir de l'assemblée
locale, ainsi que de juger l'action des élus directement à la base et,
éventuellement, de mieux comprendre et accepter les décisions adoptées par les
autorités intercommunales compétentes.
-
Or, selon l'article L. 2131-6
du code général des collectivités territoriales (CGCT) vous disposez de la
latitude de déférer au juge administratif un acte d'une collectivité
territoriale s'il présente des doutes sur sa légalité, cette disposition s’appliquant
aux EPCI en vertu de l'article L. 5211-3 du CGCT.
-
S’agissant
ici, de plus, des tarifs d’une redevance, la jurisprudence estime que « le
risque d'une augmentation significative de la pression fiscale sur les ménages
permet de caractériser la condition d'urgence »
(TA Amiens, ord. 16 juin 2003), comme cela nous semble être ici le cas s’agissant
d’une augmentation médiane d’environ 50 %, voire plus pour certains
usagers.
3 - Enfin, nous nous inquiétons du prochain vote du
budget annexe déchets de la collectivité dont la présentation est chaque
année plus que succincte et ne permet pas d’en décrypter les objectifs, les
perspectives, ni ses conséquences et ses effets sur le niveau de facturation de
la redevance incitative aux usagers-abonnés pour l’année d’exercice budgétaire
concernée. Il devrait pourtant permettre de répondre, sans occultation ni
rétention d’informations, à cette question : comment un budget voté à
l’équilibre, mais si excédentaire en fin d’exercice budgétaire, pendant tant
d’années, est-il en un an (2021) devenu tellement déficitaire qu’il exigerait
une si forte augmentation des tarifs pour 2022 ?
En conséquence, nous vous demandons de bien vouloir effectuer
une saisine de la Cour régionale des comptes de Nantes pour qu’elle
établisse un rapport d’observation des budgets annexes déchets de la
communauté de communes d’Estuaire et Sillon. A défaut d’informations
suffisantes fournies par la collectivité sur les raisons et les choix qui ont
conduit à de telles augmentations cette année, notre demande est donc celle
d’un examen approfondi des budgets annexes déchets et des comptes
administratifs des 5 exercices précédents (2016-2021), comme c’est la pratique
dans ce cas de la Cour régionale des comptes, ainsi que des projections du
budget déchets pour 2022-2026.
Nous
vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre considération
distinguée.
Pour l’association Libérez
nos poubelles en Estuaire et Sillon
Jean-Yves Martin
Références
et sources :
- . Préfet
de Loire-Atlantique : arrêté de dérogation préfectorale du 24 décembre
2020 (n°2020/BPEF/079)
- CCES : Projections budget déchets 2022-2026 V (fichier xlsx)..
- CCES : Rapports annuels du service déchets (site web de la CCES).
- Cour
nationale des comptes : Les collectivités territoriales et la gestion
des déchets ménagers et assimilés – septembre 2011.
- Rapport de la Cour régionale des comptes des
Pays-de-la-Loire : Syndicat mixte pour le traitement et la valorisation des
déchets ménagers - VALOR3E (Maine-et-Loire et Loire Atlantique), du
03.09.2021, en ligne.
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