Dans cette nouvelle
lettre d'info la CCES nous promet, en titre, que nous allons "tout savoir
sur nos déchets". C'est une
ambition bien excessive que de prétendre nous faire savoir tout ce que nous
devons savoir sur "nos" déchets en 4 méchantes pages, largement illustrées. Et ça
commence par un bref éditorial qui n'ose seulement pas dire son nom, probablement issu des élus,
président ou vice-président, mais qui ne le signent pas, cette fois-ci,
nominativement. Mais qui rappelle cependant la ligne directrice de leur
politique déchets : "ça augmente et ça augmentera", "nous
n'y sommes pour rien", c'est la faute à "l'évolution de la
technologie des filières", etc. Et ils oublient complètement, pour cette fois, la TGAP !
Que disent ou plutôt ne disent pas ces
chiffres ?
Aussitôt après ce pseudo-éditorial qui répète la politique déchets de la collectivité en cinq lignes, sont affichés ensuite quelques chiffres et données, soigneusement sélectionnés et choisis. Pour insister sur le fait qu'il y a de plus en plus de déchets à traiter, etc. Mais, observons attentivement les chiffres fournis.
Ce, pour une période effectivement intéressante puisqu'elle va de 2017 à 2021. C'est-à-dire qui va de 2017, la fusion inachevée - selon la Cour des Comptes, fin 2022 - des intercommunalités; à 2021 qui est l'année de la mise en œuvre de la Quinzaine du ramassage par dérogation préfectorale.
Les chiffres fournis montrent que, d'une part, le tonnage d'ordures ménagères, contenues dans nos poubelles grises et nos sacs/bacs jaunes à bel et bien baissé de 3 % pendant la période. Alors que globalement le tonnage a augmenté, en associant le tout des déchets, de 17 % sur la même période. C'est une chose sur laquelle nous avions d'ailleurs déjà mis l'accent : à savoir que le passage à la Quinzaine et les "nouvelles consignes de tri", au 1er janvier 2021, ont eu comme conséquence un basculement qui se vérifie ici à partir les ordures ménagères, vers les autres formes de collecte, à savoir surtout les sacs jaunes. Pour l'instant, c'est-à-dire avant que les bacs jaunes et leurs levées deviennent payants plein-pot - et pas 10€/an en location -, l'année prochaine, en 2024 ?
Ensuite, la publication
tente de répondre à des contradictions que tout le monde a pu observer. Cette
question notamment : "j'ai de moins en moins d'ordures ménagères, pourtant
ma facture ne diminue pas pourquoi ?" L'argumentation reste toujours la même. C'est-à-dire du genre : "c'est la faute au
contexte économique si la facture augmente, mais en aucun cas dû à la politique
déchets suivi par l'intercommunalité". C'est leur manière d'éviter et d'esquiver
les explications concernant les effets de cette politique et des choix
calamiteux de 2021. Plus de déchets par habitant, acentué par le fait qu'il y
aurait plus d'habitants. Et, comme d'habitude, par exemple sur les factures,
l'habitant est considéré comme "producteur de déchets". Non, il en
est la victime finale, en bout de course de la consommation.
De plus, quand on relève
les chiffres du graphique voisin, si les emballages sont passés, de 2017 à
2021, de 25 kg à 36 kg, les ordures ménagères, par contre, elles, sont
descendues de 130 kg à 113 kg.
Effectivement la masse totale des déchets par habitant a augmenté de 11
%. D'où cette conclusion voisine, pour limiter les factures, "le mieux
est encore de poursuivre les bons gestes de réduction de vos déchets".
On y revient toujours, mais cela suffira-t-il, et dans quelle proportion
possible et mesurable ? Suffira-t-il de "règle des 5R" et de quelques '"astuces" préconisées (page 4)
Pages centrales : un circuit idyllique des
déchets
la lettre d'info pages centrales |
En page intérieure, un
schéma systémique est censé représenter un vaste "circuit des
déchets" qui est effectivement en place. Mais sans donner cette fois aucun
chiffre, ni en valeur absolue, ni en valeur relative, de ce que représentent ces
flux. La communauté de communes a refusé de nous communiquer cette
"matrice des flux" la concernant. Il semble qu'elle ne l'ait
d'ailleurs pas fournie à l'ADEME non-plus, qui la lui réclame pourtant (source
@SINEO).
Ce schéma publié est celui d'un "pays de bisounours". Il visualise seulement dans quels circuits s'inscrit le
problème des déchets dans la collectivité. Encore une fois, tout en haut, les
habitants sont placés au centre et au sommet de l'édifice. Par contre, à aucun
moment, on ne voit la place de la politique suivie par les élus, qui
disparaissent, eux, de ce schéma. Tout est censé s'y passer sans difficulté,
dysfonctionnement ou goulot d'étranglement. Elus et services - déchets et
communication -, n'ont apparemment pas encore lu le livre : "la mafia du
recyclage", récemment paru. Nous leur conseillons donc vivement (voir notre article)
Autre préoccupation :
s'il est bien question du centre d'enfouissement de Treffieux, et alors qu'on
nous a promis qu'on allait absolument "tout dire", il n'est
aucunement question du fait que le centre d'enfouissement de Treffieux doive
définitivement fermer en 2025. Qu'en sera-t-il ensuite de nos OM (ordures ménagères) ? Tout comme le SMCNA
(Syndicat Mixte Centre Nord Atlantique) n'apparaît pas non plus dans ce schéma, alors
que la CCES en est membre, avec 4 autres intercommunalités voisines. Pas plus
que des "éco-organismes", dont CITEO pourtant bien en cour localement il n'y a pas si longtemps.Derniers casiers à Treffieux
avant fermeture en 2025
Le SMCNA |
Les seuls "petit
gestes" n'y suffiront pas
Finalement en page 4 de la Lettre d'info est placé en titre le leitmotiv répétitif dans la collectivité, qui dit et voudrait que : « le meilleur déchet est celui qu'on ne produit pas". L'antienne ancienne de ceux qui ne veulent pas pousser la réflexion, ni rendre trop précisément des comptes de leur responsabilité. Pour illustrer ce propos il est fait état, à nouveau, des "petits gestes" qui seraient censés, en sus de l'ambition de "sauver la planète", faire baisser la quantité des déchets. C'est une vue quelque peu utopique et idyllique sachant que même ces petits gestes "vertueux" - qui ne sont pas, pour une fois, qualifiés ainsi - ne suffiront jamais à diminuer massivement et durablement la totalité des déchets en question. Des déchets il y en a, et il y en aura pour un long moment encore. Qu'en fait-on et à quel prix ?
La question qui reste posée c'est donc : par quelle politique intercommunale et comment faire en sorte que les chiffres pourtant favorables, dans la bonne moyenne et même peut-être mieux, des résultats de notre tri ne se traduisent plus ni par une diminution du service rendu (quinzaine), ni par au moins une maîtrise des factures (sans des hausses répétitives).
A l'issue de cette
lecture, non seulement "ne savons pas tout", mais force est plutôt de
constater qu'on ne nous dit pas tout. Cette nouvelle Lettre d'info ne nous
informe pas vraiment. Elle vise surtout, encore une fois, à énoxérer les élus
et les services des conséquences des choix qu'ils opérent et valident pourtant
chaque année. Sans que cette politique soit interrogée, ni même questionnable. Pour
combien de temps encore ?
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